💻#0039 Anonymat : Faut-il vraiment tout montrer pour être un bon citoyen ?
#0039 Edition spéciale
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A vos marques : Anonymat : Faut-il vraiment tout montrer pour être un bon citoyen ?
🫢A vos marques :
Anonymat : Faut-il vraiment tout montrer pour être un bon citoyen ?
Imaginez un monde où chaque geste, chaque parole, chaque déplacement serait enregistré, analysé, et potentiellement utilisé contre vous. Pas dans un film de science-fiction, mais dans la réalité numérique d’aujourd’hui.
Dans ce monde, votre vie privée n’existe plus. Pire, vous ne pouvez plus choisir de rester anonyme. Tout est transparent, sous le regard d’autorités ou d’entreprises. Certains diront que c’est pour notre sécurité, d’autres que c’est la fin de la liberté. Qui a raison ? Et surtout, quel futur voulons-nous ?
Ce débat n’est pas réservé aux experts en informatique ou aux activistes. Il nous concerne tous, même ceux qui utilisent Internet juste pour envoyer un email ou discuter avec leurs proches sur Facebook. Car derrière l’anonymat et la vie privée se cachent des enjeux fondamentaux : la liberté, la démocratie, et notre capacité à vivre comme nous le souhaitons.
Quand un simple commentaire sur YouTube soulève une grande question
Récemment, j’ai eu un échange intéressant sur ma chaîne YouTube, suite à une vidéo expliquant comment envoyer des messages anonymes et respectueux de la vie privée. Voici un extrait de cette discussion :
Lui : “Vous qui aimez tant l’anonymat, qu’avez-vous à cacher ? À mon avis, s’il n’y avait pas d’anonymat sur le web, ce serait plus calme, moins pourri, moins méchant. Et tant mieux si mon commentaire booste ta chaîne. Juste comme ça, en passant : tu prônes l’anonymat, mais tu montres ton visage, etc.”
Cette remarque, un peu provocante, reflète une idée très répandue : l’anonymat serait suspect, réservé à ceux qui ont quelque chose à cacher. Pourtant, ce n’est pas si simple. L’anonymat, c’est aussi la liberté de choisir ce que l’on partage de soi, et ce que l’on garde pour soi.
I. L’anonymat, entre soupçon et nécessité
1.1. Le regard de l’autre : “Qu’as-tu à cacher ?”
L’échange sur YouTube illustre bien un réflexe courant : quand quelqu’un parle d’anonymat, on se demande aussitôt “Mais qu’est-ce qu’il cache ?”. C’est un peu comme si on disait à un passant dans la rue : “Pourquoi tu portes des lunettes de soleil ? Tu veux cacher quelque chose ?”
Cette suspicion vient d’une idée simple : si on est transparent, on n’a rien à craindre. Mais est-ce vraiment aussi simple ?
En réalité, cette question “Qu’as-tu à cacher ?” est un piège logique. Imaginez que vous disiez à votre voisin : “Pourquoi tu fermes la porte à clé ? Tu caches des choses illégales chez toi ?” Bien sûr que non ! Vous avez le droit de protéger votre intimité, vos objets personnels, votre vie familiale.
Sur Internet, c’est la même chose : vouloir rester anonyme, c’est vouloir protéger une part de soi, pas forcément parce qu’on a quelque chose à cacher, mais parce qu’on a le droit au respect et à la discrétion.
Philosophiquement, la transparence totale est une idée séduisante, mais dangereuse. Hannah Arendt, grande philosophe politique, expliquait que la liberté ne peut exister que si les individus ont un espace privé où ils peuvent penser, parler et agir sans crainte d’être constamment observés.
En d’autres termes : la vie privée est le jardin secret où pousse la liberté.
1.2. L’anonymat comme droit fondamental
L’anonymat n’est pas un caprice d’adolescents rebelles ou un refuge pour les criminels. C’est un droit reconnu par de nombreuses lois et conventions internationales. Par exemple, la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme que “Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée”. En France, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) veille à protéger nos données personnelles.
Pourquoi ? Parce que l’anonymat protège des personnes vulnérables :
Les lanceurs d’alerte, qui dénoncent des scandales sans vouloir mettre leur vie en danger.
Les minorités, qui peuvent exprimer leurs opinions sans craindre la discrimination.
Les citoyens dans des régimes autoritaires, où la liberté d’expression est réprimée.
Un exemple : imaginez un journaliste qui veut enquêter sur un sujet sensible. S’il devait révéler son identité à chaque fois, il risquerait des représailles. L’anonymat lui permet de faire son travail, au service de la vérité et de la démocratie.
1.3. L’anonymat, un choix, pas une obligation
Enfin, il faut bien comprendre que l’anonymat n’est pas une obligation. C’est un choix. Sur Internet, certains choisissent de montrer leur visage, leur vie, leurs opinions. D’autres préfèrent rester discrets, anonymes, ou utiliser des pseudonymes.
Ce choix doit être respecté.
Pour reprendre l’exemple de mon échange YouTube, on m’a fait remarquer que je prône l’anonymat tout en montrant mon visage. C’est vrai, et c’est justement ça la liberté : pouvoir choisir quand on se montre et quand on reste dans l’ombre.
Maintenant que nous avons posé les bases de ce qu’est l’anonymat et pourquoi il est important, il est temps de comprendre pourquoi la vie privée est un enjeu crucial pour notre démocratie. Parce que derrière la question de l’anonymat se cache une question plus large : jusqu’où sommes-nous prêts à sacrifier notre intimité pour plus de sécurité, de confort ou de transparence ?
II. La vie privée : un enjeu démocratique
2.1. La vie privée, socle de la démocratie
On pourrait croire que la vie privée, c’est juste une histoire de pudeur ou de petits secrets. Mais en réalité, c’est bien plus profond : c’est le socle sur lequel repose notre liberté de penser, de s’exprimer, de s’organiser.
Prenons un exemple simple : imaginez que vous ne puissiez plus discuter librement avec vos amis, par peur que quelqu’un écoute vos conversations. Oseriez-vous encore parler de politique, de religion, ou même de vos petits soucis du quotidien ?
Dans les pays où la surveillance est partout (comme l’ex-Allemagne de l’Est avec la Stasi, ou plus récemment la Chine avec son “crédit social”), les gens finissent par s’autocensurer. Résultat : tout le monde se tait, et la démocratie s’étiole.
La philosophe Hannah Arendt (encore elle !) disait que la vie privée est le lieu où l’on peut forger ses opinions, à l’abri des regards.
Traduction simple : sans vie privée, on n’ose plus penser différemment, et la société devient grise, uniforme, sans débat.
Petit détour par l’histoire
Dans le roman “1984” de George Orwell, le héros vit dans une société où chaque geste est surveillé. Même les pensées sont suspectes ! Ce n’est pas juste de la fiction : dans certaines dictatures, on pouvait finir en prison pour une blague racontée à table.
Heureusement, dans nos démocraties, la vie privée est censée nous protéger de ça. Mais avec Internet, les caméras, et les réseaux sociaux, la frontière devient floue…
2.2. Le numérique, nouveau champ de bataille
Avant, pour surveiller quelqu’un, il fallait des espions, des micros cachés, des jumelles (et un imperméable beige, c’était la règle). Aujourd’hui, il suffit d’un smartphone et d’une connexion Internet.
Exemples concrets
Cambridge Analytica : Cette entreprise a utilisé les données Facebook de millions de personnes pour cibler des publicités politiques sur-mesure, influençant potentiellement des élections.
Microciblage politique : Grâce à vos “likes” et vos recherches, on peut vous envoyer des messages politiques adaptés à vos peurs ou vos envies, sans que vous vous en rendiez compte.
Surveillance étatique : De nombreux pays utilisent la technologie pour surveiller leurs citoyens, parfois sous couvert de sécurité. En France, plusieurs lois ont renforcé la surveillance numérique après les attentats, mais cela pose la question : jusqu’où aller ?
Pourquoi c’est un problème ?
Quand tout ce que vous faites en ligne est enregistré, analysé, et parfois revendu, il ne s’agit plus seulement de publicité pour des baskets. Cela peut influencer vos choix politiques, votre accès à l’emploi, ou même votre assurance santé.
En résumé : la vie privée, ce n’est pas juste pour les “paranos”. C’est ce qui garantit que chacun puisse participer à la société sans craindre d’être fiché, jugé, ou manipulé.
2.3. La loi, dernier rempart ?
Heureusement, il existe des lois pour protéger notre vie privée. Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), par exemple, oblige les entreprises à demander votre accord avant de collecter vos données.
Mais soyons honnêtes : qui lit vraiment les “conditions d’utilisation” avant de cliquer sur “J’accepte” ? (Spoiler : personne, sauf peut-être votre cousin juriste qui n’a pas de vie sociale.)
La CNIL, en France, veille au respect de ces lois. Mais la technologie avance vite, parfois plus vite que la législation. C’est pourquoi il est important de rester vigilant, et de défendre ce droit fondamental.
On le voit : la vie privée n’est pas un gadget pour geeks ou paranoïaques. C’est un pilier de la démocratie, un garde-fou contre les dérives du pouvoir et de la technologie.
Mais alors, pourquoi tant de gens acceptent-ils sans broncher de partager leur vie entière sur Internet ? Est-ce que la sécurité, le confort ou la peur justifient de tout sacrifier ? C’est ce qu’on va explorer dans la prochaine partie.
III. Liberté, sécurité : faut-il vraiment choisir ?
3.1. Le fameux dilemme : “Si je n’ai rien à cacher, pourquoi m’inquiéter ?”
C’est sans doute la phrase que j’entends le plus souvent quand je parle de vie privée ou d’anonymat :
“Si je n’ai rien à cacher, pourquoi devrais-je m’inquiéter de la surveillance ?”
Cette idée semble logique à première vue. Après tout, si vous êtes un bon citoyen, que vous respectez les lois, pourquoi craindre que quelqu’un sache ce que vous faites ?
Mais ce raisonnement est un peu comme dire : “Si je n’ai rien à cacher dans ma maison, je n’ai pas besoin de fermer la porte à clé.” Pas très convaincant, non ?
La vie privée, ce n’est pas seulement cacher des secrets, c’est protéger son autonomie, sa dignité, sa liberté de penser et d’agir sans craindre d’être jugé ou contrôlé.
Comme le disait Benjamin Franklin, l’un des pères fondateurs des États-Unis :
“Celui qui est prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre.”
En d’autres termes, la liberté est une valeur fondamentale, qui ne doit pas être sacrifiée à la légère.
3.2. La sécurité, condition de nos libertés… mais à quel prix ?
La sécurité est évidemment essentielle. Personne ne souhaite vivre dans un monde où règnent le chaos, la violence ou le terrorisme.
Le Conseil d’État français rappelle que la sécurité est une condition nécessaire à l’exercice de nos libertés individuelles et collectives.
Mais la question est : comment trouver le bon équilibre entre sécurité et liberté ?
Après les attentats de 2015 en France, de nombreuses mesures ont été prises pour renforcer la sécurité, parfois au détriment des libertés (état d’urgence, surveillance accrue). Ces décisions ont soulevé un débat public important, souvent passionné, mais parfois trop rapide.
Le dilemme est réel :
Trop de liberté sans sécurité peut mener à l’anarchie, au désordre.
Trop de sécurité sans liberté peut mener à la surveillance généralisée, à la perte de nos droits fondamentaux.
3.3. Un équilibre à construire collectivement
Ce “curseur” entre liberté et sécurité n’est pas fixe. Il dépend de notre histoire, de notre culture, de nos choix collectifs.
Par exemple, l’Allemagne, marquée par son passé totalitaire, est très prudente sur la collecte de données personnelles.
D’autres pays, comme les États-Unis, sont plus ouverts à la surveillance pour des raisons sécuritaires.
En France, un vrai débat de société aurait dû avoir lieu après les attentats, pour définir ensemble cet équilibre. Mais il n’a pas eu lieu, au profit de mesures souvent prises dans l’urgence et l’émotion.
3.4. La vie privée, un droit constitutionnel
Heureusement, le droit au respect de la vie privée est protégé par la Constitution française et par la Convention européenne des droits de l’homme(Source 1, source 2 et source 3).
Cela signifie que toute atteinte à la vie privée doit être justifiée, proportionnée, et encadrée par la loi.
Par exemple, la surveillance par drone dans l’espace public doit être nécessaire et proportionnée (Amnesty Internationale).
Ce cadre légal est essentiel pour éviter les dérives.
3.5. En résumé
La liberté et la sécurité sont deux valeurs fondamentales, souvent perçues comme opposées, mais qui doivent être conciliées.
Sacrifier l’une au profit de l’autre sans débat ni contrôle peut mener à des dérives graves.
La vie privée est un droit fondamental qui protège notre liberté individuelle et collective.
Trouver le bon équilibre est un choix de société, qui nécessite un débat public apaisé et éclairé.
Maintenant que nous avons compris ce dilemme, il est temps de se poser la question essentielle :
Vers quel futur voulons-nous aller ?
Une société où la surveillance est omniprésente, ou une société où la confiance, le respect de la vie privée et la liberté restent des valeurs centrales ?
Explorons ensemble ces scénarios.
IV. Vers quel futur voulons-nous aller ? Surveillance ou confiance ?
4.1. Deux scénarios de société : science-fiction ou bon sens ?
Scénario 1 : La société de la surveillance généralisée
Imaginez un monde où chaque action, chaque déplacement, chaque achat est enregistré et analysé.
Vous allez chez le médecin ? L’information est transmise à votre mutuelle.
Vous achetez un burger à minuit ? Votre assurance santé augmente.
Vous lisez un livre “subversif” ? Votre employeur en est informé.
Ça ressemble à un épisode de Black Mirror ou au roman “1984” de George Orwell, mais certaines sociétés s’en approchent dangereusement.
En Chine, par exemple, le système de “crédit social” attribue une note à chaque citoyen selon ses comportements. Un mauvais score peut vous empêcher de voyager, d’obtenir un prêt, ou même d’inscrire vos enfants à l’école.
En Occident, la surveillance est moins visible, mais les grandes entreprises collectent et croisent des milliards de données chaque jour.
Le risque ? Que la vie privée disparaisse, que la peur de “mal faire” nous pousse à l’autocensure, et que la société devienne grise, prévisible, sans créativité ni contestation.
Les médias français, dont je suis un digne représentant depuis 1997, en sont un parfait exemple. La bienpensance généralisée, l’auto-censure, la propagande sans réflexion ni perspective, les zooms exagérés sur des éléments mineurs pour appuyer les dires et insuffler l’angoisse sont le lot quotidien de pourvoyeur de vérités absolues. Si l’objectif d’un gouvernement est de faire peur pour contrôler la population, celui des médias est double. Il doit obéir à cet Etat qui lui permet de vivre (attribution des fréquences, acréditations, larges subventions (au nom de la “liberté de la presse”), ect…), mais aussi faire peur car cela permet de vendre plus cher les espaces publicitaires.
Vous remarquerez que lorsqu’un annonceur lance une campagne de publicité, un sujet similaire tourne en boucle aux infos. Par exemple, nous arrivons dans la période estivale, avec les départs en vacances. Certaines entreprises de sécurités vont faire des campagnes publicitaires et pour les aider à vendre, les journalistes vont faire des reportages et pousser le sujet de l’insécurité (vols, cambriolages, …) sur le devant de la scène pendant tout le temps de la campagne. Notez que le reste de l’année, soit les cambrioleurs sont en vacances, soit les nouvelles ne passent pas la barrière des rédactions.Ainsi, voilà bien longtemps que la presse n’informe plus car elle doit être rentable et que la vérité ne paie plus.
Scénario 2 : La société de la confiance et du respect
À l’inverse, on peut imaginer une société où la vie privée est respectée, où chacun peut choisir ce qu’il partage ou non, sans être jugé ou surveillé en permanence.
Dans cette société, les technologies sont conçues pour protéger l’utilisateur, pas pour le pister.
Les citoyens sont éduqués à la protection de leurs données, et les lois sont appliquées avec rigueur.
On y débat, on s’exprime, on innove, sans crainte d’être fiché ou manipulé.
Ce n’est pas un rêve naïf : certains pays nordiques, par exemple, placent la confiance et la transparence au cœur de leur modèle social, tout en protégeant farouchement la vie privée de leurs citoyens.
4.2. Le rôle de l’éducation et de la citoyenneté numérique
Pour aller vers le second scénario, il faut commencer par l’éducation.
Beaucoup de gens (surtout les débutants en informatique) pensent que la vie privée, c’est juste un bouton à cocher ou une option à activer.
En réalité, c’est un état d’esprit :
Savoir ce qu’on partage, avec qui, et pourquoi.
Comprendre que chaque “like”, chaque recherche, chaque photo postée laisse une trace.
Apprendre à utiliser des outils respectueux de la vie privée (moteurs de recherche alternatifs, messageries chiffrées, mots de passe solides…).
Petit conseil pratique :
Avant de publier une information sur Internet, posez-vous la question : “Est-ce que je serais à l’aise si cette info était affichée sur un panneau dans ma rue ?”
Si la réponse est non, mieux vaut s’abstenir !
Pour ma part, je n’ai aucun soucis avec mes opinions. Elles sont parfois à contre courant, mais je les assume publiquement, sous ma véritable identité, dans mon métier ainsi que sur les réseaux sociaux ou les forums. Je crois en ce que je dis, mais je ne dis pas que j’ai raison. En revanche, je n’aime pas qu’une entreprise sache ce que je recherche sur Internet dans le cadre intime, que Microsoft, Google ou Apple aspirent les données de mon ordinateur. Bref, j’ai fais le choix de partager ce que je pense, mais je ne veux pas que ma vie privée ou celles de ma famille, soient scrutées par une entreprise ou un Etat.
André Gide à dit : “Choisir, c'était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste, et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n'importe quelle unité.”.
En moins poétique, mais en plus philosophique, Jean-Paul Sartre à écrit : “Notre liberté réside dans notre capacité à choisir, mais chaque choix implique de renoncer à toutes les autres possibilités, ce qui est source d’angoisse existentielle”.
En d’autres termes, la liberté, c’est avoir le choix, et choisir c’est perdre cette liberté.
4.3. La technologie, amie ou ennemie ?
La technologie n’est ni bonne ni mauvaise en soi : tout dépend de l’usage qu’on en fait.
On peut construire des outils qui respectent la vie privée (comme Signal ou ProtonMail), ou des outils qui la bafouent (certains réseaux sociaux, moteurs de recherche, etc.).
Conseil d’expert :
Privilégiez les services qui n’exploitent pas vos données pour faire de l’argent.
Lisez (au moins un peu) les paramètres de confidentialité.
Méfiez-vous des applications gratuites : si c’est gratuit, c’est souvent vous le produit ! (sauf si c’est open source)
4.4. Le choix de société : un débat collectif, pas individuel
La question de la vie privée ne se résume pas à un choix personnel.
C’est un choix collectif, un projet de société.
Accepter la surveillance généralisée, c’est accepter que nos enfants grandissent dans un monde où la confiance est remplacée par la méfiance, où l’innovation est bridée par la peur, où la démocratie s’effrite sous le poids du contrôle.
Refuser la surveillance, c’est défendre un modèle où chacun peut s’exprimer, créer, aimer, critiquer, sans craindre d’être jugé ou puni.
C’est un combat de tous les jours, qui nécessite du courage, de la vigilance, et un peu de bon sens.
4.5. Et vous, quel monde voulez-vous ?
Au fond, la vraie question n’est pas “qu’avez-vous à cacher ?”, mais “qu’avez-vous à protéger ?”
Votre liberté, votre dignité, votre capacité à penser par vous-même.
C’est à chacun de nous, individuellement et collectivement, de décider du monde que nous voulons léguer à nos enfants.
Conclusion
La vie privée et l’anonymat ne sont pas des caprices de geeks ou des lubies de paranoïaques.
Ce sont les piliers invisibles de notre liberté, de notre créativité, de notre démocratie.
Accepter de les sacrifier au nom de la sécurité ou du confort, c’est risquer de perdre ce qui fait de nous des êtres humains libres et responsables.
Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous demande “qu’avez-vous à cacher ?”, répondez-lui :
“Rien… sauf ma liberté d’être moi-même, sans avoir à demander la permission.”
Le débat sur la vie privée n’est pas clos. Il ne le sera jamais.
C’est à nous tous d’y prendre part, avec curiosité, humour, et un brin de méfiance… mais toujours avec l’envie de construire ensemble un monde où la confiance l’emporte sur la peur.
Pour aller plus loin : quelques ressources accessibles
La CNIL : www.cnil.fr – Pour tout savoir sur vos droits et la protection des données en France.
Signal : signal.org – Une messagerie chiffrée et respectueuse de la vie privée.
ProtonMail : proton.me – Un service d’email sécurisé et anonyme.
Qwant : www.qwant.com – Un moteur de recherche français qui ne trace pas ses utilisateurs.
Livres :
“1984” de George Orwell (pour comprendre la société de surveillance)
“La Vie privée à l’ère du numérique” de Daniel J. Solove (accessible et pédagogique)
“La Transparence et ses ennemis” de Byung-Chul Han (pour aller plus loin sur la société de la transparence)
Merci d’avoir lu cet article !
N’hésitez pas à partager vos questions, vos expériences ou vos réflexions en commentaire.
La vie privée, c’est l’affaire de tous… et c’est ensemble que nous pouvons la défendre.
Je vous invite à commenter et à donner votre avis (les pseudonymes sont acceptés).
👋🏼Le mot de la fin
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Gael
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